La retraite, l'ISF
et les biens professionnels.
Vous êtes dirigeant de société et les titres que vous détenez sont
exonérés d'ISF au titre des biens professionnels. Vous passez la main
et prenez votre retraite. Bénéficiez-vous toujours de cette
exonération ?
Vous souhaitez « passer
la main » à vos enfants (départ en retraite), qui s'apprêtent à
reprendre l'exploitation de votre société, mais souhaitez conserver vos
titres, au moins dans un 1 er temps. Avant le départ à la retraite, vos
titres sont exonérés d'ISF car vous exercez une fonction de direction,
la rémunération de ces fonctions de direction représente plus de 50 %
de vos revenus professionnels et vous détenez plus de 25 % des droits
de vote et des droits à dividendes.
Départ en retraite : éligibilité à l'ISF
Un supplément d'ISF.
Lors de la cessation d'activité, les titres deviennent éligibles à
l'ISF car vous n'exercez plus de fonctions de direction dans la
société. Au regard de la valeur des titres d'une société, l'addition
peut promettre d'être salée.
Mais, en pratique.
Afin de conserver le bénéfice de l'exonération des titres détenus, vous
pouvez être nommé en qualité de président du conseil d'administration
ou du conseil de surveillance de la société, avec aménagement des
statuts à la clé.
Une exonération d'ISF conservée si.
Les titres sont alors de prime abord exonérés d'ISF car vous exercez
des fonctions de direction (toutes autres conditions étant par ailleurs
remplies).
Le titre
de président du conseil d'administration ou du conseil de surveillance
ne suffit pas. Encore faut-il que vous exerciez réellement les
fonctions qui vous sont confiées.
Conseils.
Il faut alors démontrer au fisc en cas de contrôle que la fonction
n'est pas seulement honorifique mais que vous exercez réellement les
fonctions les fonctions qui vous ont été attribuées. Ainsi, il faut
prouver une participation effective à toutes les réunions du conseil et
une réalisation des missions qui lui sont confiées par la loi (comme
par exemple : convocation et préparation des réunions du conseil,
établissements des documents légaux, etc.). Ces fonctions doivent, bien
sûr, donner lieu à une rémunération normale représentant plus de la
moitié de vos revenus professionnels.
Cette
solution n'est cependant pas toujours satisfaisante puisque cela
suppose de continuer à exercer des fonctions dans la société, ce qui
n'est pas nécessairement votre souhait.
Un « démembrement » avant la retraite
Un départ en retraite d'un dirigeant s'accompagnera idéalement de la
transmission de l'entreprise. En général, on imagine souvent une
transmission progressive qui prévoit une donation de la nue-propriété
des titres : vous vous en réservez donc l'usufruit.
Quel intérêt au regard de l'ISF ?
En matière d'ISF, toutefois, c'est normalement l'usufruitier qui est
taxé sur le bien démembré pour sa valeur en pleine propriété .
Une exonération au moins partielle ! Vous pourrez n'être taxé toutefois
que sur la valeur en usufruit de vos titres. Pour cela, le démembrement
doit avoir lieu avant votre départ en retraite, et des conditions
doivent être respectées, visées à l'article 885 O quinquies du CGI
(concernant notamment la qualité de « biens professionnels » des titres
données reconnue au donateur, l'exercice d'une fonction de direction
par le bénéficiaire de la nue-propriété, etc.). A l'âge de 65 ans, par
exemple, cela représente une taxation sur seulement 40 % de la valeur
en pleine propriété.
Sachez
qu'un dirigeant en retraite ne bénéficie plus de l'exonération d'ISF
sur ses titres, faute d'exercer une fonction de direction. En donnant
la nue-propriété des titres avant votre départ en retraite, et en
gardant l'usufruit, vous pouvez bénéficier d'une exonération partielle.